Swami Prajnanpad

Le fait est qu’on (je dis « on » car je crois que ça concerne tout le monde) écrase l’autre sans s’en percevoir en imposant notre égo par notre simple comportement et cela malgré toutes nos bonnes intentions et même en ne faisant rien, juste en étant différent.

« Aimer c’est comprendre et sentir que l’autre est différent » dit-il encore.

Et aussi : « Grandir, c’est dépasser ce que vous êtes aujourd’hui ». Et on n’en a jamais fini…

« Pour la réalisation de la vérité, il n’y a aucune arme plus puissante que celle-ci : s’accepter soi-même ». Il n’y a aussi rien de plus difficile, le disque dur de notre éducation ne se nettoie pas facilement. J’imagine qu’arrivés là plus personne peut nous écraser et nous imposer quoi que ce soit. Le rêve ! La route est longue…

« Toute action qui ne nous procure pas de joie est nocive ». L’idée du sacrifice chrétien en prend un coup dans l’aile, sauf dans le masochisme bien sûr. Et il enfonce le clou : « Vous êtes responsable de votre bonheur. Vous seul et personne d’autre ».  » Le bonheur c’est une décision à prendre » dixit Marie-Christine Barrault et aussi Voltaire « j’ai décidé d’être heureux, c’est bon pour la santé ». Bon voilà, impossible de pleurnicher, on n’a plus besoin de Prozac, c’est bon pour la sécu mais pas pour les labos pharmaceutiques, en tous les cas c’est un sacré pouvoir et notre vraie liberté. « La spiritualité n’est qu’un autre nom pour l’indépendance ».

Liberté, égalité, fraternité ne s’acquièrent pas en coupant la tête au roi, mais dans la spiritualité. C’est pour ça que les révolutions n’ont été que des changements en surface, mais pas en réalité, seulement du genre « pousses-toi que je m’y mette » !

« Les lettres sont écrites avec des mots et ces mots sont porteurs de sens. Mais quand le lecteur voit les mots il leur donne le sens qu’il porte déjà en lui. Et il passe ainsi à côté du sens ou des idées exprimées au travers de ces mots par celui qui les a écrits. Il est évident, vous le comprenez, que tant que le lecteur ne donne pas le même sens ou n’a pas les mêmes idées que celui qui les a écrit, il passe à côté de ce qu’on lui écrit et donne aux mots le sens et les idées qui sont les siens ».

Dans le même ordre d’idée, Lacan disait en scandalisant tout le monde, que la communication n’existe pas chez l’humain à cause du langage. J’en conclue qu’il n’y a que notre côté animal qui peut communiquer, au-delà des mots (ou plutôt malgré eux, on parle toujours dans le désert). La solitude que chantait Moustaki, c’est en fait la solitude des mots, irrémédiable.

Michel Hulin commente la pensée de ce vrai sage : « Faire descendre la non-dualité du ciel sur la terre… la vivre et pas seulement la penser », c’est aussi probablement en cela que la spiritualité se distingue des religions. Non-dualité, comment faire ? je sens bien qu’il s’agit de ça, mais dans notre civilisation où tout est présenté en dualité : le positif et le négatif, le bien et le mal (revoilà les religions !), le noir et le blanc, le plein et le vide, le chaud et le froid, le vrai et le faux etc…comment en sortir ?

Hourik-Clo ZAKARIAN